Catherine Francois, présidente de SOS VIOL
4 octobre 2022
Madame la Ministre, Monsieur Le bourgmestre, Monsieur le chef de
corps, Mesdames, messieurs,
SOS VIOL est né dans le contexte féministe des années 1970. A
l’époque, des militantes bénévoles dénoncent toute forme de violence
faite aux femmes. On est au milieu des années 70, des mouvements de
femmes palpitent et se créent un peu partout dans le pays, offrant
écoute et aide à toutes les femmes vivant des difficultés (contraception,
avortement, soutien aux femmes violées…). SOS VIOL est créé et
s’installe dans une grande maison au 29 rue Blanche, que l’on appelait le
29 ou la Maison des femmes qui regroupait également le centre de
prévention des violences conjugales, un service formation insertion des
femmes et aussi un centre de documentation et de recherche « les
cahiers du Griff.
Lorsque la Maison des Femmes fut vendue, nous avons installé nos
activités quelques années rue de Bordeaux dans les locaux de la CSD,
avant d’occuper la maison située au 23 rue Coenraets, à 2 pas de la
gare du midi, permettant une meilleure accessibilité de notre public.
Avec 2300 consultations et 2400 appels en 2021 et l’augmentation du
nombre des demandes d’aide, nous n’étions plus en capacité de prendre
en charge, l’ensemble des demandes des victimes de Viol, dans un délai
raisonnable, et il nous fallait à tout prix éviter la mise en place d’une liste
d’attente, afin d’accroitre la victimisation secondaire d’un public déjà très
fragile et vulnérable.
Nous avons, grâce à une écoute intelligente des pouvoirs publics,
augmenté le nombre de travailleuses (et travailleurs) et l’accessibilité
des services dont aujourd’hui cette antenne supplémentaire à Saint
Gilles, rue d’Albanie. L’ancrage local saint-Gillois facilite la coordination
entre les 2 sites et repose sur la discrétion et l’anonymat, tout en
garantissant un accès facile en transport en commun (avec la gare du
midi). Je remercie à cette occasion le Bourgmestre Jean Spinette et
monsieur le Chef de corps pour leur précieux soutien à notre cause,
ainsi que le soutien financier historique de la Commune de Saint Gilles
depuis de nombreuses années.
J’en profite encore pour remercier tout particulièrement Madame la
Ministre Glatigny avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour le
financement de cette antenne supplémentaire de SOS VIOL. Et c’est
encore sous votre impulsion, Madame La ministre ainsi que celle de
votre collègue Madame Linard, que le numéro vert Violence Sexuelle
a vu le jour en 2017, et est en train de se pérenniser et se renforcer
grâce à une subvention augmentée et consolidée. Enfin, le tchat
Violence Sexuelle a été mis en place grâce à vous, Mme Glatigny,
depuis juillet 2020. Cette nouvelle offre de service, nous permet de
toucher un public plus jeune et plus diversifié, en seulement 6 mois, cela
a représenté 188 conversations.
L’ouverture récente de l’antenne SOS Viol à Namur sous l’impulsion de
la Mme la ministre Morreale, il y a seulement un mois, constitue
également une étape importante qui répond aux recommandations
établies par la convention d’Istanbul en matière de lutte contre les
violences faites aux femmes : mettre à disposition une offre d’accueil
de victimes de violence sexuelle professionnelle et en facilité
l’accès.
SOS Viol propose dans ses 3 antennes, un accueil, un
accompagnement et une aide psychologique et sociale. Que ce soit via
le numéro vert, le tchat, les consultations ; les personnes sont prises en
charge à leur rythme pour quelques consultations ou sur le long terme.
Elles peuvent interrompre leurs suivis et le reprendre ensuite.
Les chiffres restent cependant alarmants : les études montrent que la
majorité des femmes ont connu des faits de violences sexuelles en
Belgique : harcèlement sexuel, exhibitionnisme, voyeurisme, diffusion ou
production de contenu à caractère sexuel, pornographique ou violent,
discrimination fondée sur le sexe, atteinte à l’intégrité sexuelle et viol.
L’étude d’Amnesty International réalisée en 2019 montre qu’1 femme sur
5 est victime de viol au cours de sa vie et parmi celles-ci, 23% le sont
par leur partenaire.
Pour rappel, les viols sont commis dans 75% 1 des cas par une personne
connue de la victime et 2/3 des viols se passent dans la sphère
intrafamiliale. L’étude d’Amnesty International montre qu’une jeune sur
4 (15-25 ans) a été victime de viol et qu’1 victime de VS sur 2, l’est avant
ses 19 ans.
1 SOS VIOL Belgique
Le viol, avec le féminicide, est sans conteste un des derniers reliquats de
la société patriarcale fondée sur la domination. Non seulement, les
femmes sont anéanties par le viol, mais en plus, le déshonneur, la
culpabilisation et l’infamie sont bien souvent jetés sur les victimes. La
victime se sent coupable, souillée et honteuse de n’avoir pas pu résister,
elle sera jugée négativement par ses pairs, son entourage et même la
société, qui a fait du viol, un véritable tabou pour les femmes, les forçant
à se museler, devant la honte d’en être victime.
Les constats restent tout aussi pessimistes lorsqu’on découvre que la
majorité des garçons (15-25 ans) interrogés par Amnesty (2019) pensent
toujours qu’une fille en jupe est plutôt consentante. La culture du viol a
de beaux jours, et reste omniprésente dans les médias, renforcée dans
les écoles (stigmatisation et dénigrement des vêtements des étudiantes
dans les règlements d’école par exemple), dans l’opinion publique et
conduit à la culpabilisation des victimes. La culture du viol reste un
des enjeux majeurs dans la lutte contre les violences sexuelles et il nous
importe de sensibiliser les jeunes, de déconstruire les nombreux
stéréotypes et les représentations sexistes afin d’éduquer les jeunes à
envisager des relations sexuelles fondées sur le consentement. C’est un
vaste chantier dont le monde politique doit s’emparer pour mettre fin à
toutes les formes de violence et d’oppression à l’égard des femmes.
La lutte contre les violences sexuelles est bien l’affaire de tous et de
toutes, je vous remercie, Mesdames, Messieurs, les équipes de SOS
VIOL, le Conseil d’administration et tous nos partenaires, d’être à nos
cotés dans ce combat difficile, exemplaire et essentiel pour l’humanité.
Je vous remercie,
Catherine François
Présidente de SOS VIOL