MOTION CONTRE LE MOSQUITO

CONSEIL COMMUNAL DU 8 MAI 2008 :
PROPOSITION DU MOTION CONTRE LE MOSQUITO

Madame la présidente,
Mesdames, messieurs,

En mars dernier, une citoyenne d’Aywaille suspecte la présence d’un appareil anti-jeune appelé Mosquito devant une banque. Cet appareil envoie des ondes sonores à haute fréquence perceptibles par les enfants et les jeunes de moins de 18 ans. Le gérant de la banque avoue avoir aposé cet appareil pour faire fuir les jeunes de sa banque. Le bourgmestre et la Belgique francophone découvrent l’existence de ce dispositif avec effroi. Développé par une société anglaise, il se présente sous la forme d’un petit boîtier muni d’un haut-parleur. Cet appareil a été mis au point pour éloigner les adolescents, jugés indésirables, de certains endroits, par l’émission du son strident que seules les jeunes oreilles peuvent percevoir C’est d’autant plus choquant que ce même procédé d’éloignement est utilisé contre certains moustiques ou insectes nocifs.

Ce dispositif pose des gros problèmes éthiques puisqu’il s’agit d’une atteinte à l’intégrité physique des individus – des jeunes en particulier – de nos enfants en général.
Le Mosquito constitue une réponse inadéquate aux problèmes de délinquance ou de nuisances occasionnés par des groupes de jeunes, puisqu’il ne peut conduire qu’à un phénomène de déplacement: des jeunes.

Seul une politique basée sur le long terme, comprenant des mesures de prévention et préconisant une prise en charge adéquate et cohérente des jeunes, donne des résultats satisfaisants. Rappelons qu’en Communauté française, seul un jeune sur mille est délinquant et que les délinquants majeurs sont bien plus nombreux.

En ce beau mois de mai 2008, nous voulons d’une société qui n’a pas peur de sa jeunesse et qui ne traite pas les jeunes comme des « insectes nuisibles ».

A l’initiative du groupe socialiste, avec l’accord de l’ensemble des groupes politiques, nous vous proposons d’adopter la motion suivante,



Le CONSEIL,

Considérant qu’un nouveau système « anti-jeunes » appelé « MOSQUITO » a fait son apparition en Belgique ;

Considérant que ce système émet des sons aigus uniquement perceptibles par des jeunes dont les conséquences pour la santé restent à ce jour inconnues;

Considérant que le « MOSQUITO » vise à éloigner les jeunes en ayant recours à une technique qui s’appuie sur la torture mentale et physique des jeunes enfants ;

Considérant que le boitier est d’ores et déjà commercialisé par une entreprise britannique et qu’il a fait son entrée sur le territoire belge;

Considérant les arguments évoqués par les acteurs de l’aide à la jeunesse et de la prévention sociale, notamment par l’asbl « territoire de la mémoire, centre d’éducation à la tolérance et à la résistance » qui a lancé une pétition recueillant plus de 10.000 signatures;

Considérant que ce dispositif va à l’encontre de la politique communale en faveur de la jeunesse, de la politique intergénérationnelle, de l’égalité, du bien vivre ensemble, et de la cohésion sociale;

Considérant que les jeunes n’ont pas le monopole de la délinquance et qu’une politique concertée d’éducation, de prévention et d’accompagnement est à privilégier;

Considérant que ce dispositif constitue sans nul doute une discrimination fondamentale à l’égard des enfants et des jeunes;

Considérant que le dispositif anti-jeunes « MOSQUITO » porte atteinte à la convention internationale des droits de l’enfant;

Considérant que la Commune de Saint-Gilles soutient des dispositifs éducatifs et sociaux visant à protéger l’enfant contre toutes formes de violences, d’atteinte et de brutalités physique ou mentale ;

Sur proposition du conseil communal,

LE CONSEIL COMMUNAL DE SAINT GILLES
AFFIRME respecter la convention des droits de l’enfant ;

DÉCIDE

Que les mesures adéquates soient prises pour interdire l’installation de ces appareils sur le territoire de la Commune,

DEMANDE au gouvernement Fédéral d’interdire la commercialisation de ce produit,

DEMANDE au gouvernement Fédéral de saisir la Commission européenne à ce sujet.