C’est dans les quartiers les plus défavorisés des grandes villes que se concentrent les personnes les plus précaires, les plus vulnérables, les plus éloignées du marché de l’emploi. Saint-Gilles ne fait pas exception, flambée du chômage des jeunes, du chômage de longue durée, population particulièrement sous qualifiée. Saint Gilles cumule encore le triste record de personnes qui ne sont ni au travail ni au chômage, il s’agit de personnes qui ignorent qu’elles sont titulaires de droit, ce qu’on appelle le non-recours, phénomène amplifié par la fracture sociale et numérique que nous connaissons. En effet, un grand nombre d’habitantes et habitants disparaissent des radars institutionnels, il nous importe de les réaffilier, de les aider à retrouver leurs droits, et de remettre ainsi la solidarité à l’honneur.
Pourtant, depuis les années 90, de nombreux dispositifs d’insertion socio professionnelle se sont créées et installés à St Gilles. La première Mission Locale pour l’emploi de la Région dès 1988, L’Agence Locale pour l’Emploi, les organismes d’ISP, le collectif Alpha, les dispositifs d’accompagnement du CPAS, l’antenne Actiris, etc…
Saint Gilles a été un véritable laboratoire des politiques d’insertion sociale et professionnelle. Mais cela ne suffit évidemment pas à lever toutes les embuches qui entourent le parcours vers l’emploi et la formation. Les constats du secteur sont implacables. Il est difficile d’entamer un parcours vers l’emploi, quand on est mal logé, quand on ne peut pas remplir son frigo, quand les salaires, beaucoup trop bas, empêchent d’accepter à un emploi de qualité. Les professionnel(le)s de l’ISP le disent en toutes les langues, depuis la crise sanitaire, la crise énergétique et la dé-matérialisation des services au public, ils, et elles, observent une perte du public notamment en formation ou en remise à niveau, une perte de motivation, un accroissement de l’isolement et du repli sur soi, tout cela contribue à une perte de confiance générale dans les institutions. A cela s’ajoute des problèmes de santé mentale qui paralysent beaucoup de démarches à entreprendre pour sortir de la précarité sociale et économique.
Fort de ces constats de terrain, la commune de St Gilles a souhaité renforcer sa politique de l’emploi par la création d’une Boutique Emploi Formation, au rez de chaussée d’un immeuble appartenant à la Régie foncière de St Gilles, au cœur du noyau commercial. Notre souhait est d’amplifier l’accompagnement personnalisé des chercheuses et chercheurs d’emploi (information sur les métiers, filières de formation ; aide à la rédaction d’un CV, recherche d’offres d’emploi,). Parce que le travail de proximité a toujours été notre force à St Gilles.
A la BEF (Boutique Emploi et Formation), les personnes en recherche d’emploi pourront bénéficier d’ordinateurs sur lesquels elles pourront s’inscrire, demander des attestations, consulter les offres d’emploi, tester leurs connaissances linguistiques, etc… Notre volonté est de lutter contre la fracture numérique qui touche les plus vulnérables. En outre, les personnes bénéficieront d’une équipe de professionnel(le)s pour répondre à leurs questions, les accompagner dans leurs démarches et les orienter vers la structure la plus adéquate.
La BEF est encore un projet pilote qui vise à renforcer la visibilité et l’accessibilité des services d’aide à l’emploi et la formation, tout en étant un observatoire local concernant les personnes qui sont les plus éloignées du marché de l’emploi. La Boutique vise à offrir aux citoyennes et citoyens, les ressources nécessaires, tant sur le plan individuel que collectif, notamment par la création d’un groupe de parole des sans emploi ou l’animation d’ateliers thématiques autour des questions de l’emploi, de la formation mais aussi les embuches rencontrées lors des parcours de vie notamment tout ce qui concerne les discriminations à l’embauche. L’idée est également de réconcilier les citoyennes et citoyens avec les différents dispositifs sociaux, tout en favorisant le lien social avant tout.
Je remercie les travailleurs et travailleuses de l’insertion sociale et professionnelle et tous les partenaires pour leur implication dans ce projet, et en particulier la Mission Locale et la recyclerie sociale avec qui j’ai la chance de collaborer depuis 1 an. Je remercie les équipes de la Régie foncière pour leur soutien indéfectible à ce projet, ainsi que les équipes communales qui ont collaboré à l’installation. Je remercie l’équipe emploi de la Commune qui a fait des prouesses pour mener à bien cette ouverture.
Et je vous remercie d’être là pour cette ouverture. Catherine Francois, Echevine de l’Emploi et de la Formation